Les allergènes
Ce sont principalement des protéines ou additifs contenus dans la ration alimentaire habituelle de l’animal ou dans ses “extras” !
Les plus incriminés sont les protéines de la viande de bœuf, des produits laitiers (lait, beurre, fromage, yoghourt...), de poulet, des œufs, mais il peut s’agir d’autres protéines : froment (gâteaux, pain, pâtes...), riz, etc...
À noter que tous ces allergènes peuvent se retrouver dans les aliments industriels (boîtes, croquettes...).
Les signes cliniques
Pour se sensibiliser, l’animal doit ingérer régulièrement (plusieurs fois par mois) l’aliment contenant les allergènes. Cette sensibilisation peut être assez rapide ou très longue, et donc, l’âge d’apparition des premiers symptômes est très variable (de quelques mois, rarement en dessous d’un an, à plusieurs années).
Après sensibilisation, il suffit que l’animal ingère une seule fois, une très faible quantité de l’aliment responsable (pour fixer les idées : l’équivalent d’un dé à coudre), pour déclencher l’apparition de symptômes cutanés, ceux-ci ayant tendance à s’aggraver avec l’âge.
Il ne semble pas y avoir de races prédisposées.
Le premier signe est la démangeaison (ou “prurit”). L’animal peut se gratter tout le corps ou parfois, seulement, se lécher ou se mordiller les pattes et/ou se frotter la face ; ceci précède toujours l’apparition de toute lésion. Une otite peut aussi être le seul signe clinique.
On observe, plus ou moins rapidement, des lésions cutanées secondaires à l’inflammation et/ou au grattage : croûtes, alopécie (chute de poils), séborrhée (odeur rance), voire une pyodermite (infection cutanée).
Le diagnostic
Le diagnostic est relativement délicat. Il demande une coopération majeure de votre part, ainsi qu’une motivation et un courage certains. A l’heure actuelle, il n’existe en effet aucun test cutané (intradermo-réactions), ou sérologie (prise de sang) pour mettre en évidence cette allergie.
Le seul moyen est de procéder à un régime d’éviction (= d’élimination) qui consiste à donner à l’animal, pendant un minimum de 8 à 10 semaines, une viande et un légume qu’il n’a jamais mangés auparavant et auxquels il ne peut dont être sensibilisé, ou (c'est plus pratique) un aliment commercial à base d'hydrolysat, ceci afin de soustraire l’animal aux allergènes incriminés pendant un temps suffisant pour voir les symptômes cutanés (prurit) disparaître ou s’atténuer ; à vous, donc, de bien noter toute variation du prurit de votre animal. Il est parfois nécessaire de poursuivre ce régime quelques semaines de plus si seulement une petite amélioration a été notée au bout des 3 ou 4 semaines et qu’un doute subsiste.
Aucun aliment autre que ceux choisis avec le vétérinaire n’est permis pendant cette période ; notamment friandises, “bonbons” vitaminés, en os en peau de buffle ou autres, doivent être supprimés. Si l’animal avait l’habitude de ces friandises, les remplacer, si nécessaire, par de petits morceaux de la viande choisie pour le régime en cours.
Une toute petite “erreur” (donner par mégarde une très faible quantité d’un autre aliment) nécessiterait un “retour à la case départ”. Il est donc très important d’informer tout l’entourage de l’animal (attention au petit morceau de viande ou chocolat donné par les enfants !).
A l’issue de la période d’essai, si une amélioration sensible est notée, il faut alors déterminer l’aliment qui était à l’origine de l’allergie. Il suffit pour cela de réintroduire un à un les aliments que l’animal avait l’habitude de manger pour découvrir le ou les “malfaiteurs” qui ne manqueraient pas de faire réapparaître le prurit chez votre compagnon, et ceci en 12 à 72 heures. Il faut donc attendre au moins trois jours entre deux réintroductions, et en pratique nous conseillons une durée d’une semaine.
Il faut noter ici que le diagnostic de l’allergie alimentaire prend une place très importante dans le diagnostic différentiel des allergies dont pourrait être atteint votre animal (DAPP - Dermatite par Allergie aux Piqûres de Puce, dermatite atopique due à des allergènes inhalés et allergie alimentaire). Celui-ci peut souffrir en même temps d’une, de deux ou même de trois de ces allergies. En contrôler une seule peut parfois suffire, en faisant passer l’animal sous un “seuil” qui correspond au stade où l’on peut voir apparaître les premiers symptômes cutanés (prurit, lésions...).
Ne pas diagnostiquer une allergie alimentaire existante pourrait faire croire qu’une autre allergie est mal contrôlée.
Pour bien comprendre l’intérêt d’une démarche diagnostique rigoureuse, prenons un exemple simple : votre chien a subi des tests cutanés ; s’il est atteint de DAPP, on mettra d’abord en place une lutte énergique contre les puces (éviction), qui donne très souvent de bons résultats, même si l’animal est atteint de plusieurs allergies. Si le contrôle est insuffisant, il faudra alors envisager dermatite atopique (tests cutanés) et allergie alimentaire (régime d’élimination).
S’il a réagi aux tests avec des extraits d’allergènes inhalés (dermatite atopique), on fera alors quand même systématiquement un régime d’élimination, car il est plus facile de traiter une allergie alimentaire (par éviction) qu’une dermatite atopique (par désensibilisation).
Le traitement
Il suffit de supprimer à jamais l’aliment incriminé de l’alimentation de l’animal. Votre chien ou chat est alors “guéri” de sa dermatite allergique d’origine alimentaire. Le problème n’est en fait que contrôlé : en cas de réadministration malencontreuse de l’aliment offensant, la rechute est certaine...
Aussi délicat est le diagnostic dans sa réalisation, aussi simple est le traitement.
Avec notre aide, vous prenez une part très importante à la “guérison” de votre animal, car c’est vous qui faites le diagnostic qui débouchera sur un traitement simple et efficace.