Examen clinique :
Muqueuses roses, TRC <2’’, NL de taille normale, auscultation cardiorespiratoire sans anomalie, pouls PRESS, masse de consistance ferme à la palpation abdominale, normotherme.
Examens complémentaires :
Réalisation d’une échographie abdominale qui met en évidence une adrénomégalie gauche avec un pôle caudal à 22 mm, la surrénale droite est à 6,5 mm. Le reste de l’échographie est dans les normes.
Nous sommes alors face à un fortuitome, c’est-à-dire à une masse surrénalienne de plus de 1 cm qui est découverte lors d’un examen d’imagerie. Chez le chien, la prévalence des fortuitomes est de 4 % lors d’échographies abdominales (Cook, 2014) et de 9,3 % lors d’examens tomodensitométriques (Baum, 2016). Avec le développement de l’accès à l’imagerie en médecine vétérinaire, la prévalence des fortuitomes augmente et l’attitude a adopté n’est pas toujours évidente en pratique.
La communication avec les propriétaires est essentielle dans ce genre de cas clinique, car le chien va bien. Le discours et la prise en charge varie en fonction notamment de l’examen clinique, de la taille du fortuitome, de la taille de la surrénale contralatérale…. Selon Pagani et al., un fortuitome de plus de 20 mm est corrélé à une origine néoplasique agressive et nécessite un diagnostic précis.
Pagani et al., 2014
Ils peuvent être classés de différente manière, selon leur fonction sécrétante ou non, selon leur origine épithéliale ou neuroendocrinienne, selon leur comportement bénin ou malin et selon leur caractère envahissant ou non.
Hématologie, biochimie, ionogramme, RCCU et test de freinage à la dexaméthasone permettent d’éliminer les pathologies les plus fréquentes (Syndrome de Cushing et de Conn notamment).
Notre patient présente un bilan sanguin sans anomalie. Sa pression artérielle systolique est de 160 mmHg et le fond d’œil montre de petites hémorragies sur les rétines, compatibles avec une hypertension artérielle probablement pulsatile.
La cytoponction surrénalienne est controversée en médecine vétérinaire. Des études récentes remettent en question le risque lié à cette procédure, néanmoins elle est rarement réalisée (Pey et al., 2020 ; Sumner et al., 2018). La cytologie chez notre patient revient en faveur d’une néoplasie neuroendocrinienne primitive ou métastatique (insulinome, phéochromocytome, carcinoïde, paragangliome).
Le dosage des métabolites des cathécolamines (métanéphrines et normétanéphrines) qui sont sécrétées en accès en cas de phéochromcytome permet de confirmer ou non d’infirmer le diagnostic. Il s’effectue sur les urines ou le plasma et présente une excellente sensibilité et spécificité (Gostelow et al., 2013). Les résultats sont cependant parfois longs à avoir, trois semaines au minimum.
Après une longue attente, les résultats reviennent : les métanéphrines plasmatiques sont à 20,97 nmol/L et les normétanéphrines plasmatiques à 37,96 nmol/L. D’après la littérature, des normétanéphrines supérieures à 10 nmol/L sont compatibles avec un phéochormocytome.
Enfin, le ratio normétanéphrine sur créatinine urinaire est à 1368,726 soit largement supérieur à la valeur seuil de 467.
Le diagnostic de phéochromocytome est confirmé.
Un examen tomodensitométrique est réalisé pour faire un bilan d’extension et évaluer l’envahissement local en vue d’une potentielle chirurgie.
En parallèle, un traitement à base de phénoxybenzamine, un antagoniste alpha adrénergique, peut être mis en place pour limiter les complications liées à l’excès de catécholamines.
Dans notre cas, le scanner montre un envahissement de la veine rénale ispilatérale. La chirurgie d’adrénalectomie est déclinée par la propriétaire.
Bibliographie
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- Baum, J. I., Boston, S. E., & Case, J. B. (2016). Prevalence of adrenal gland masses as incidental findings during abdominal computed tomography in dogs : 270 cases (2013–2014). Journal Of The American Veterinary Medical Association, 249(10), 1165‑1169. https://org/10.2460/javma.249.10.1165
- Cook, A. K., Spaulding, K. A., & Edwards, J. F. (2014). Clinical findings in dogs with incidental adrenal gland lesions determined by ultrasonography : 151 cases (2007–2010). Journal Of The American Veterinary Medical Association, 244(10), 1181‑1185. https://org/10.2460/javma.244.10.1181
- Pagani, E., Tursi, M., Lorenzi, C., Tarducci, A., Bruno, B., Mondino, E. B., & Zanatta, R. F. (2016). Ultrasonographic features of adrenal gland lesions in dogs can aid in diagnosis. BMC Veterinary Research, 12(1). https://org/10.1186/s12917-016-0895-1
- Pey, P., Diana, A., Rossi, F., Mortier, J., Kafka, U., Veraa, S., Groth, A., MacLellan, M., Marin, C., & Fracassi, F. (2020). Safety of percutaneous ultrasound‐guided fine‐needle aspiration of adrenal lesions in dogs : Perception of the procedure by radiologists and presentation of 50 cases. Journal Of Veterinary Internal Medicine, 34(2), 626‑635. https://org/10.1111/jvim.15743
- Sumner, J. A., Lacorcia, L., Rose, A., Woodward, A. P., & Carter, J. E. (2018). Clinical safety of percutaneous ultrasound‐guided fine‐needle aspiration of adrenal gland lesions in 19 dogs. The Journal Of Small Animal Practice/Journal Of Small Animal Practice, 59(6), 357‑363. https://doi.org/10.1111/jsap.12829
- Gostelow, R., Bridger, N., & Syme, H. M. (2013). Plasma‐Free Metanephrine and Free Normetanephrine Measurement for the Diagnosis of Pheochromocytoma in Dogs. Journal Of Veterinary Internal Medicine, 27(1), 83‑90. https://org/10.1111/jvim.12009
- Bertazzolo, W., Didier, M., Gelain, M. E., Rossi, S., Crippa, L., Avallone, G., Roccabianca, P., Bonfanti, U., Giori, L., & Fracassi, F. (2014). Accuracy of cytology in distinguishing adrenocortical tumors from pheochromocytoma in companion animals. Veterinary Clinical Pathology, 43(3), 453‑459. https://doi.org/10.1111/vcp.12161