Contexte :
Un chat européen mâle de cinq mois est présenté pour des épisodes de dysurie, ténesme, hématochézie et distension abdominale évoluant depuis quatre jours. Une malformation vésicale est suspectée à l’échographie par le vétérinaire référent.
À l’examen clinique, l’abdomen est distendu, la vessie est facilement palpable, le pelage est humide au niveau de l’ombilic. L’animal est en bon état général par ailleurs.
Étant donné l’anamnèse et l’examen clinique, une persistance du canal de l’ouraque et une colite sont suspectées. Un bilan sanguin et une échographie abdominale sont proposés. Le bilan biochimique ne révèle pas d’anomalie.
Échographie abdominale :
Coupes longitudinales de l’apex de la vessie :
Interprétation :
La vessie est distendue par un contenu anéchogène avec des éléments hyperéchogènes en suspension. La paroi vésicale présente un épaississement marqué dans sa portion crânio-ventrale (jusqu’à 12 mm d’épaisseur). Elle se poursuit crânialement par un trajet conique hétérogène qui chemine jusqu’à la paroi abdominale en regard de l’ombilic. Aucune lumière n’est visualisée dans cette lésion.
Conclusion de l’échographie :
– Persistance du canal de l’ouraque associée à une probable cystite bactérienne.
Discussion :
Le canal de l’ouraque est un conduit présent chez le fœtus permettant l’élimination de l’urine via le placenta. Ce conduit s’atrophie complètement à la naissance pour se transformer en tissu fibreux rémanent reliant le pôle crânial de la vessie à l’ombilic.
Les anomalies de l’ouraque sont des anomalies congénitales du bas appareil urinaire. Elles sont la conséquence d’un défaut de fermeture et / ou d’atrophie du canal après la naissance. Quatre types sont décrits : le canal de l’ouraque, le sinus de l’ouraque, le diverticule de l’ouraque et le kyste de l’ouraque (figure 1). Parmi ces différentes anomalies de l’ouraque, les diverticules vésico-ourachaux intra ou extra-muraux sont les plus fréquemment rencontrés chez le chien et le chat. Ils sont souvent associés à des signes de cystite.
Figure 1 : illustration des différents types d’anomalies de l’ouraque. (A) Atrophie du canal de l’ouraque ; (B) sinus de l’ouraque : communication de la partie distale de l’ouraque avec l’ombilic ; (C) ; persistance de l’ouraque : persistance du canal reliant la vessie à l’ombilic ; (D) kyste de l’ouraque : persistance focale d’un segment de l’ouraque ; (E) diverticule de l’ouraque extramural : défaut de fermeture de la portion proximale de l’ouraque entraînant la formation d’un diverticule ; (F) diverticule de l’ouraque intramural : le diverticule ne s’étend pas au-delà de la paroi vésicale.
La prévalence des anomalies de l’ouraque chez les carnivores domestiques est de moins de 1 %. L’âge médian au moment du diagnostic est de 5 ans chez le chat et de 8,5 ans chez le chien. Une faible proportion de chiens et de chats atteints d’une malformation de l’ouraque est diagnostiquée avant l’âge d'un an.
Les anomalies de l’ouraque sont sous-diagnostiquées et souvent de découverte fortuite. En effet, la majorité des patients affectés sont asymptomatiques. Lorsque des signes cliniques sont associés, ils sont le plus souvent attribués à une affection concomitante du bas appareil urinaire (infection notamment). Parmi les signes cliniques, on distingue le plus fréquemment une hématurie, une strangurie, et une obstruction urétérale. L’obstruction urétrale est retrouvée chez environ un tiers des animaux symptomatiques, la distension vésicale secondaire à l’obstruction faciliterait le diagnostic des anomalies ourachales. Une perte urinaire ombilicale, une omphalite et une dermatite abdominale peuvent être observées lors de persistance du canal de l’ouraque, affection rare constituant moins de 5 % des anomalies ourachales congénitales.
Le diagnostic est le plus souvent échographique. La vessie doit être pleine pour augmenter la sensibilité de l’examen. En plus de la visualisation des anomalies ourachales, des signes d’affection du bas appareil urinaire peuvent être mis en évidence : épaississement et irrégularité de la paroi vésicale, présence de sédiments ou de calculs vésicaux par exemple. Dans certains cas, d’autres examens peuvent être nécessaires pour le diagnostic, comme la cystographie par radiographie et la cystoscopie.
Le traitement est chirurgical.